Chers amis,
Dans cette période d’épidémie qui se prolonge, nous pensons particulièrement à vous et à tous ceux qui vous entourent. Nous pensons à ceux qui souffrent parce qu’ils ont été ou sont malades, à ceux qui ont perdu un être cher, mais également à ceux qui vivent dans l’incertitude du lendemain.
Qu’il est difficile d’être soignant avec la moitié du visage masquée toute la journée, comme en retrait, à distance, en limitant les contacts, à cause du risque de contamination possible. C’est là que nous réalisons que notre humanité passe par tous nos sens.
Le 25 novembre dernier, le Dr Joseph Varon prend dans ses bras un homme âgé qui ne pourra pas rejoindre sa femme pour Thanksgiving au Texas, et l’on sait ce que représente Thanksgiving pour beaucoup d’américains. La photo est devenue virale.
Merci, Dr Varon, pour ce geste d’humanité, merci d’avoir osé consoler, malgré les consignes sanitaires, ce vieil homme qui pleure, et de lui dire en silence « tu n’es pas seul, je partage ta peine, tu as du prix à mes yeux ».
Merci d’avoir mis en lumière ce que vivent de manière anonyme de très nombreux soignants et qui constitue leur raison d’être.
Quelle belle manière d’accompagner et prendre soin, avec cœur, j’oserais dire avec tendresse et douceur !
Un de mes amis, le Pr Philippe Engelmann, me disait à la fin de sa vie : « Tu sais, tout au long de ma carrière, j’ai vu les techniques évoluer, la science progresser, et ce qui était vrai à un moment a pu devenir obsolète plus tard. On nous prend pour des fous quand on parle de cela, mais ce que nous avons de plus beau à vivre comme médecins, c’est d’oser exercer notre métier avec tendresse ». Et Philippe l’a vécu, lui aussi, j’en atteste, avec sa femme Françoise, dans la maternité dont il avait la responsabilité.
Être disponibles, accueillir et vivre intensément ces moments authentiques de présence à l’autre, ouverts à l’inattendu de la relation, accéder à la vraie joie, celle qui vient du cœur.
Vivre et non pas survivre malgré les circonstances, et gouter le moment présent, dans la simplicité du quotidien, se réjouir de la rencontre improbable, de la beauté du ciel, du rire d’un enfant.
Vivre et ne pas concéder le moindre compromis quand il s’agit de rester humains. Jusqu’au bout. Quoi qu’il en coûte…
L’équipe de la Maison de Nicodème est plus que jamais déterminée à vivre ce défi d’humanité et à faire advenir cette demeure, lieu de vie, de fraternité et d’audace, où la fragilité, la mienne comme celle de l’autre, est accueillie comme une opportunité de grandir ensemble en humanité.
Encore merci à tous ceux qui nous soutiennent et nous soutiendront.
Sans vous rien de tout cela ne sera possible.
Je vous souhaite de vivre de belles fêtes de Noël, joyeuses et paisibles, avec l’espérance d’une meilleure année à venir.
Bien à vous
Stéphane Gallet
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